10 ans LAUDATO SI’

Vendredi 9 mai 2025

Journée d’études à l’occasion des 10 ans de l’encyclique Laudato si’

Université de Fribourg

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Compte rendu

Le 9 mai, à l’occasion des dix ans de Laudato si’, la Plateforme Dignité et Développement a organisé une journée d’études à Fribourg. Ce colloque qui a réuni une soixantaine de personnes a permis de creuser et de prolonger les aspects essentiels de l’encyclique du pape François, repère novateur de l’enseignement social chrétien.

Considérée comme une encyclique « verte », Laudato si’ va au-delà de la sauvegarde de l’environnement. Comme le reflète sa phrase-clé « Tout est lié », le texte voit la destruction de notre cadre naturel dans sa globalité. Le pape François associe pleinement à la sauvegarde de la création la justice sociale, la paix et l’épanouissement humain.

Pour Elena Lasida, enseignante à l’Institut catholique de Paris, Laudato si’ décline trois principes qui entrent en résonance : « tout est lié », « tout est donné » et « tout est fragile ». Dans nos sociétés fragmentées, l’autonomie perçue comme une valeur majeure, prend, avec le pape François, le sens « d’être interdépendants ». Au-delà de la relation instrumentale et utilitaire, Laudato si’ crée un lien de gratuité et de réciprocité.

En complément, la question de la fraternité, au cœur de l’écologie intégrale, a été scrutée par le dominicain Jacques-Benoît Rauscher, en lien avec l’encyclique Fratelli tutti (2020). Ainsi, dans un contexte d’accueil de l’étranger, « quels sont les ‘besoins’ des individus ? s’agit-il juste du vital, de conditions de vie digne, de l’éducation ? ». Cette question de ce qui peut être « nécessaire » à l’individu se retrouve de manière transversale dans de nombreux textes du défunt pontife qui pointait la « perte du sens de la responsabilité fraternelle ».

De son côté, le père Luc-Thomas Somme, de la Faculté de théologie, a indiqué combien Laudato si’ appelait à la conversion : conversion par rapport à notre égoïsme, à notre cupidité et à notre indifférence. Le pape appelle à passer « de l’arrogance à l’humilité ».

Non au paradigme technocratique

Quant au professeur Paul Dembinski, président de la Plateforme Dignité et Développement, il a analysé le dominant « paradigme technocratique », si prisé à notre époque. Contesté par le pape François, ce concept structure la réalité et impose sa logique, fondée sur l’efficacité, l’accroissement et l’appropriation.

L’éthicien Thierry Collaud est passé, lui, du paradigme technocratique au paradigme fraternel. Laudato si’ promeut, en ce sens, les structures de solidarité à la place des structures de péché. Fort de son expérience de médecin, le professeur Collaud indique qu’« en chosifiant le patient, je me chosifie aussi moi aussi ».

François Nollé, philosophe et professeur à l’Institut catholique de Paris, a évoqué la polémique lancée par le vice-président américain J.D. Vance, qui justifie sa politique migratoire en évoquant l’« ordo amoris » développé par saint Augustin et saint Thomas d’Aquin. Il serait légitime de privilégier d’abord les personnes les plus proches de nous. Le pape François, renvoyant au Bon Samaritain, lui avait répondu que l’on ne pouvait pas concevoir la charité chrétienne selon de tels « cercles concentriques ».

Table ronde

François Nollé constate la tension existant entre fraternité « universelle » et fraternités « particulières ». Avec des différences inévitables dans l’amour porté aux divers êtres vivants. Cette fraternité universelle se retrouve également relativisée dans la Bible. Mais comme insiste Thomas d’Aquin, « la grâce ne vient pas supprimer la nature mais la compléter ».

Une table ronde a conclu la journée, apportant des éclairages concrets sur les implications de Laudato si’. Dorothée Gygax, responsable du secteur Sensibilisation et coopérations à l’Action de Carême, représentante de Mgr Morerod pour l’écologie, Christian Thurre, délégué pour l’environnement de l’évêché de Sion, et Samuel Ninck, co-fondateur et ancien coordinateur du site évangélique ChristNet, ont notamment illustré des aspects pratiques inspirées par l’encyclique.